Lutter contre la précarité, sans conditions
- Olivier Caremelle
- 21 juil. 2023
- 3 min de lecture
17 départements de France ( et une Métropole) expérimentent

le RSA conditionné,15 à 20 heures d’activité par semaine avec une insertion en entreprise, une formation ou du bénévolat.
Cette réforme s’inscrit dans un cadre plus global, celui de la réforme du service public de l’emploi avec la création de « France Travail » et le conditionnement du RSA comme cela a déjà été le cas pour le contrat d’engagement.
Rien donner sans contrepartie.
Rien attribuer sans manifester sa volonté de s’insérer d’une manière ou d’une autre dans la vie active.
Tout faire porter sur l’individu, responsable de sa situation.
Le département de Seine Saint Denis vient lui de claquer la porte de l’expérimentation, échaudé par le flou qui entoure la question de l’accompagnement et surtout la stigmatisation des bénéficiaires souvent accusés « d’empocher » l’allocation sans manifester d’intérêt majeur à reprendre le travail.
C’est d’ailleurs dans notre Département, le Nord, l’antienne reprise par le Président du Département se félicitant de la baisse des allocataires et soulignant son appétit à remettre à l’emploi celles et ceux qui « quand même, touchent une aide et devraient s’en souvenir et la mériter ».
La baisse du nombre d’allocataires du RSA, dans le Nord ces derniers mois, préfigurerait ainsi la tendance d’une politique nationale et départementale mêlée dans laquelle le retour à l’emploi serait inéluctable pour tous. Vue de l’esprit …
Comme si le profil de chaque personne était conditionné par sa responsabilité de retrouver, coûte que coûte, du travail et sa culpabilité de rester au chômage.
C’est admettre que les freins à l’emploi, niveau de diplôme , de formation, d’insertion, ne sont que des circonstances à peine atténuantes.
Dans le même temps, le gouvernement par l’intermédiaire du Ministre des Solidarités, Jean Pierre Combes, vient de lancer un appel à projet aux collectivités pour candidater au territoire zéro non recours (TZNR). L’expérimentation vise à repérer les « invisibles » qui échappent à leurs droits en allant vers eux de manière positive.
De nombreuses études soulignent l’importance du non recourspour nombre de nos concitoyens : 34 % pour le RSA, 50% pour le minimum vieillesse, 30% pour l’assurance chômage, 32% pour la complémentaire santé solidaire gratuite …
Bref l’état des lieux évoque bien toutes les difficultés de celles et ceux qui ignorent leurs droits, bien loin de la fusion caricaturale d’une complaisance à être assisté.
Maire de Lomme et conseiller départemental de Lille-6 ,l’analyse des besoins sociaux de la ville confirme , peu ou prou, des chiffres affolants, ceux d’une population en partie éloignée de l’emploi et plus largement des mécanismes de solidarités, faute de les connaître et d’y postuler.
Chacun devinera sans peine dans quelle expérimentation je souhaite, comme certainement beaucoup d’autres élus, m’engager.
Nous renforcerons ainsi par le territoire zéro non recours le maillage social dans notre ville, pour aller identifier, reconnaître et inscrire dans la solidarité effective celles et ceux qui ont besoin du RSA ou de la prime activité pour reprendre pied et être en capacité d’envisager le temps venu un retour à l’emploi.
Aller vers les autres, sortir de la précarité et osons, le mot, de la misère toutes celles et ceux qui y sont assignés et résignés.
Alors oui messieurs les Présidents des départements, celui du Nord en tête, nous serions heureux et satisfaits que le nombre d’allocataires du RSA augmente dans les années à venir alors que le non recours s’affaiblirait.
A charge pour l’Etat de compenser réellement le coût des allocations aux Départements et à ceux ci de se focaliser sur l’accompagnement positif, sans conditions, vers l’emploi.
Comments